Une grossesse sûrement pire que la votre...

Déjà, être enceinte fut un réel parcours du combattant mais depuis l'annonce de ma grossesse rien n'a été simple...

Le 12 mars 2012, je me rends donc au laboratoire à côté du travail pour un test de grossesse. A 16h30, l’hôpital me laisse un message pour m'annoncer la bonne nouvelle : je suis enceinte!!! J'ai envie de hurler de joie mais je suis au travail donc on se calme!

J'appelle immédiatement mon chéri. Oubliées toutes les idées originales pour lui annoncer une grossesse : je lui dis ça simplement...

Nous aurons à partir de ce moment là 10 jours de répit car après tout s'enchaine!

Quelques petits saignements me conduisent à l’hôpital mais le médecin me rassure, l’œuf est là! Rien d'anormal de saigner avec toutes les hormones que je prends!

Une semaine plus tard, ce n'est plus le même discours ; Beaucoup de sang dans l'utérus, on ne voit plus l’œuf... Je m'effondre!!! Je dois revenir dans 2 jours pour contrôler. 2 jours plus tard, finalement l’œuf est là, il faut donc attendre une semaine de plus pour voir ce qu'il en est! Je ne pourrai pas attendre une semaine, d'importants saignements me font revenir à l’hôpital ; et là surprise, alors que je croyais que c'était définitivement fini, le médecin m'annonce que tout va bien pour mes deux embryons! Des larmes, encore des larmes, de joie cette fois! Bêtement, on avait peu envisager la possibilité d'avoir des jumeaux! Mais on est content!

Il va falloir que je m'habitue à ces saignements et ces allers-retours à l’hôpital, car cela va durer jusqu'au mois de mai!

Je me décide enfin à annoncer ma grossesse à mes collègues et dans la nuit du 19 au 20 mai, je perds du liquide... Direction les urgences! C'est là que la nouvelle tombe : une des deux poches des eaux est rompue, il n'y a plus de liquide pour un des bébés. Le médecin m'explique froidement que ce bébé ne peut pas survivre, que son cœur va s'arrêter de battre et qu'il va très rapidement être expulsé entrainant peut-être le deuxième avec lui! Nous sommes complètement dévastés par cette nouvelle. J'ai très peur, peur de ce qu'il va se passer, des contractions, des douleurs, du bloc, de perdre mes bébés!

Et puis rien ne se passe! Je reste à l’hôpital 10 jours, je fais des écho régulièrement mais les cœurs des deux bébés continuent de battre! Tout cela étonne et fascine les médecins... Je finis par rentrer chez moi avec mes doutes et mes angoisses, tout en faisant le deuil d'un bébé. J'annonce alors aux amis que j'ai perdu un bébé puisque c'est le pronostic que donnent les médecins. Je suis suivie à la maison deux fois par semaine par infirmières et sage-femmes. J'enchaine les écho et les consultations, à chaque fois avec beaucoup d'angoisses. On prévoit un accouchement prématuré à 35 semaines et une interruption sélective de grossesse pour le fœtus qui n'a pas de liquide car il aurait trop de problèmes respiratoires et articulaires. Mais les médecins me mettent en garde sur les risques d'un accouchement prématuré, je ne les crois pas car rien de ce qu'ils m'ont prédit n'est arrivé...

Tout l'été est ponctué par des passages aux urgences à cause des pertes de liquide et des contractions. Je franchis des caps importants : 20 semaines, 22, 25 : ouf 25 SA c'est important, le bébé peut être réanimé; 27SA, plus de chances de survie; 28SA, on n'est plus dans la case très grand préma mais "seulement" grand préma!

Le 16 août, l'échographie nous annonce une drôle de nouvelle : le bébé qui n'avait pas de liquide en aurait à nouveau et semble avoir un volume pulmonaire et une mobilité des membres corrects. Il est viable, nous allons avoir nos deux bébés : garçon et une fille! Il faut rattraper le temps perdu, le deuil, bref j'ai l'impression que je dois à ce bébé beaucoup d'attention pour compenser ce que je n'ai pas donné jusqu'à présent... Pas de culpabilité mais une envie de vite donné à cette petite fille l'amour que j'aurais pu lui donner.

A partir de la dernière semaine du mois d'aout, je dois faire des monitorings tous les jours à la maison. A chaque fois tout va bien... Jusqu'au dimanche 2 septembre...

Je sais que c'est la fin de ma grossesse mais je ne veux pas y croire...

Bilan de ces 6 mois : malgré toutes ces frayeurs, ces angoisses, ces doutes, j'ai adoré être enceinte! J'ai rencontré des médecins et des sage-femmes formidables qui m'ont soutenue, encouragée. Cette grossesse est pleine de rebondissements, de bonnes et mauvaises nouvelles mais j'ai étrangement fait face assez sereinement et je suis aujourd'hui capable d'en parler avec humour, sans larme.